Des médias dénoncent (enfin) le déséquilibre dans le financement entre les établissements publics et ceux du privé au profit de ces derniers. En effet, ces derniers jours, Médiapart publiait un article révélant la rallonge de 1,2 milliard d'euros d'argent public accordée aux lycées privés. Quelques jours plus tard, France Info montrait les inégalités dans les dotations horaires d'enseignements entre les collèges publics et ceux du privé.
Alors que les moyens manquent cruellement dans les établissements publics, que ce soit en terme de personnels, d'équipements ou d'aménagement des locaux; nous apprenons qu'entre 2016 et 2023, plus d'un milliard d'euros de fonds publics a été distribué à des lycées privés par les régions au-delà de leurs obligations légales. Car la loi impose déjà une aberration dans pays qui se dit "laïc", à savoir le financement public en faveur des lycées sous contrat des salaires des enseignant-es (par l'Etat) et des frais de fonctionnement (par les régions).
Mais malheureusement l'injustice va plus loin. Les établissements peuvent également réclamer aux régions des subventions supplémentaires qui, d'après les révélations de l'article, leur sont accordées très généreusement ! Ainsi on apprend qu'en plus des 3 milliards d'euros de financements obligatoires, une rallonge de 1,2 milliards d'euros a été offerte sur la seule base du volontariat à certains lycées privés qui le réclamaient.
Comme bien souvent lorsqu'il s'agit de favoriser le privé, la région Auvergne-Rhône-Alpes (dirigée alors par Laurent wauquiez) arrive en tête des régions les plus généreuses envers les lycées privés avec les deniers publics : 261 millions d'euros de bonus accordés entre 2016 et 2023 ! M. Wauquiez, qui se réclame pourtant fervent défenseur de la laïcité, assume pleinement cette incohérence. On apprend que dans son fief électoral de Haute-Loire, un établissement a touché plusieurs centaines de milliers d'euros pour sa modernisation avec une bénédiction des locaux par un prêtre, à laquelle le président du conseil régional a participé, allant jusqu'à faire le signe de croix ! On peut lire également qu'il refuse toute commission d'enquête sur l'attribution de ses bonus.
Ce favoritisme pour l'enseignement privé est aussi démontré sur le site de france Info. On peut y lire que "Les lycées privés disposent de meilleures conditions d'enseignement que le public". Cela est favorisé par l'attribution en moyenne d'une meilleure Dotation Horaire Globale (DHG : il s'agit du nombre d'heures de cours financées par l'Etat qu'un établissement peut assurer chaque semaine). Même si l'article nous indique que cela peut varier en fonction de l'académie et du type d'établissement (collège ou lycée), la tendance globale est sans appel.
Le privé est clairement favorisé par rapport au public.
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Pourtant l'enseignement privé accueille en moyenne plus d'élèves issus de milieux favorisés
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Pourtant le privé a un apport financier que n'a pas le public : frais d'inscription des parents, dons, mécénat...
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Pourtant le privé n'est pas soumis aux mêmes contraintes que le public.
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Pourtant le privé est beaucoup moins inclusif que le public...
Il est temps de mettre un terme à cette ineptie consistant à financer et même avantager l'enseignement privé (en très grande majorité catholique) dans un pays qui depuis 1905 revendique la séparation de l'église et de l'Etat. Il s'agit de la principale injustice responsable du séparatisme.
Pour SUD éducation, il est plus que jamais temps de reprendre le débat sur la fin du dualisme scolaire :
✅ en mettant fin au financement public de l’enseignement privé ;
✅ en nationalisant l’enseignement privé, sans indemnité ni rachat, et en transférant ses personnels dans les corps correspondants de l’enseignement public.