Penser la baisse démographique autrement qu’en suppressions de postes !

Le constat est connu depuis plusieurs années. Les chiffres sont aujourd’hui plus précis. Les effectifs dans le premier degré passeraient de 6 704 000 (rentrée 2018) à 5 993 000 (rentrée 2028). Dans le secondaire ils passeraient de 5 615 000 à 5 526 000, avec 132 000 élèves de moins en collège. Notons que ces chiffres de l’Inspection générale de l’Éducation du Sport et de la Recherche ne distinguent aucunement l’École publique de l’enseignement privé. Notons également qu’entre les rentrées 2017 et 2023, le nombre d’étudiant·es a augmenté de 245 000 et que dans la majorité des universités, l’emploi d’enseignant·es contractuel·les a explosé.

Bien évidemment, le rapport commandé par Matignon en 2023 ne se contente pas de donner des chiffres, il décrit des orientations possibles. Toutes s’engouffrent dans la politique éducative ultralibérale mise en place depuis 2017, politique qui démantèle chaque année un peu plus l’École publique.

L’inspection générale est constamment dans la logique comptable et « l’optimisation », elle prône une chasse aux effectifs « trop réduits » par rapport à la moyenne nationale. Cela pourrait se traduire par la fermeture de 600 classes en primaire, entre 1 000 et 1 450 classes au collège et par la suppression de 1 380 à 1 820 équivalents temps plein en lycées, qui conduirait à « une réduction de l’offre d’options ou d’enseignements de spécialité et à une réduction des dédoublements de classe ».

On nous parle également de « une meilleure adéquation territoriale du nombre d’écoles et d’établissements au nombre d’élèves… » ou encore de « maillage territorial » pour conclure à la fermeture possible de 1925 écoles !

L’éducation prioritaire n’est pas épargnée par un possible relèvement des seuils de dédoublements qui actuellement sont loin d’être effectifs dans toutes les classes de Grande Section, CP, CE 1 de REP+. Un relèvement à 13, voire à 17 élèves (12 actuellement, en théorie) permettrait de fermer jusqu’à 2359 classes.

Alors que la France fait partie de pays de l’OCDE avec les effectifs les plus chargés, à aucun moment il n’est question d’amélioration des conditions de travail et d’étude, de lutte contre l’échec à l’école. A aucun moment il n’est question d’innovation pédagogique et de soutien scolaire accru à l’école, au collège ou au lycée. A aucun moment il n’est question de renforcement de la formation initiale et continue des enseignants. Rien ! Seule la logique de la calculette prévaut.

Pourtant, tou·tes les collègues le savent, la question des effectifs est centrale dans la réussite des élèves comme pour la qualité de nos conditions de travail. Or, un tiers des écoles primaires ont plus de 25 élèves par classe, la moyenne des collèges étant à 25/26 élèves et celle des lycées à 29/30 élèves ce qui signifie dans ces derniers, pas mal de classes à plus de 35 élèves.

A SUD éducation, nous pensons qu’il faut mettre la pause démographique au service de la transformation démocratique de l’École Publique, de la maternelle à la terminale :

  • Réduire les effectifs de nombreuses classes, recruter des personnels,

  • Réinventer une réelle formation continue des personnels,

  • Titulariser les personnels précaires et stopper le recours au contractuel·les.